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Full text of "Sur l'origine du nom d'Amérique [microforme]"

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EMAGE  EVALUATION 
TEST  TARGET  (MT-3) 


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1.6 


Sciences 
Corporation 


23  WEST  MAIN  STREET 

WEBSTER,  N.Y.  14580 

(716)  S72-4503 


CIHM/ICMH 

Microfiche 

Séries. 


CIHIVI/ICMH 
Collection  de 
microfiches. 


Canadien  Instituta  for  Historical  Microreproductions  /  Institut  canadien  de  microreproductions  historiques 


Technical  and  Bibliographie  Notes/Notas  tachniquas  et  bibliographiquas 


Tha  Instituta  has  attamptad  to  obtain  the  beat 
original  copy  availabla  for  filming.  Features  of  thi» 
copv  which  may  ba  bibliographically  unique, 
which  m;  y  alter  any  of  the  images  in  tha 
reproduction,  or  which  may  signjficantly  change 
the  usual  method  of  filming.  are  checked  below. 


L'Inv^titut  a  microfilmé  le  meilleur  exemplaire 
qu'il  lui  a  été  possible  de  se  procurer.  Les  détails 
de  cet  exemplaire  qui  sont  peut-être  uniques  du 
point  de  vue  bibliographique,  qui  peuvent  modifier 
une  image  reproduite,  ou  qui  peuvent  exiger  une 
modification  dans  la  méthode  normale  de  filmage 
sont  indiqués  ci-dess3us. 


D 
D 
D 
D 

n 

D 


Coloured  covers/ 
Couverture  de  couleur 

Covers  demaged/ 
Couverture  enoommagée 

Covers  restored  and/or  laminated/ 
Couverture  restaurée  et/ou  pelliculée 

Cover  title  missing/ 

Le  titre  de  couverture  manqua 

Coloured  maps/ 

Cartes  géographiques  en  couleur 

Coloured  ink  (i.e.  other  than  blue  or  bUack)/ 
Encre  de  couleur  (i.e.  autre  que  bleue  ou  noire) 


□    Coloured  pages/ 
Pages  de  couleur 


I — I    Coloured  plates  and/or  illustrations/ 


0 

D 


D 


Planches  et/ou  illustrations  en  couleur 

Bound  with  other  material/ 
Relié  avec  d'autres  documents 

Tight  binding  may  cause  shadows  or  distortion 
along  intarior  margin/ 

La  re  liure  serrée  peut  causer  de  l'ombre  ou  de  la 
distorsion  le  lor?g  de  la  marge  intérieure 

Blank  leaves  added  during  restoration  may 
appear  within  the  text.  Whenever  possible,  thèse 
hâve  been  omitted  from  filming/ 
Il  se  peut  que  certaines  pages  blanches  ajoutées 
lors  d'une  restauration  apparaissent  dans  le  texte, 
mais,  lorsque  cela  était  possible,  ces  pages  n'ont 
pas  été  filmées. 


D 
D 
E 
D 


D 


D 


Pages  damaged/ 
Pages  endommagées 

Pages  restored  and/or  laminated/ 
Pages  restaurées  et/ou  pelliculées 

Pages  discoloured.  stained  or  foxed/ 
Pages  décolorées,  tachetées  ou  piquées 

Pages  detached/ 
Pages  détachées 

Showthrough/ 
Transparence 

Quality  of  print  varies/ 
Qualité  inégale  de  l'impression 


□    Includes  supplementary  matériel/ 
Comprend  du  matériel  supplémentaire 

□    Only  édition  available/ 
Seule  édition  disponible 


Pages  wholly  or  partially  obscured  by  errata 
slips,  tissues,  etc.,  hâve  been  refilmed  to 
ensure  the  best  possible  image/ 
L»s  pages  totalement  ou  partiellement 
obscurcies  par  un  feuillet  d'errata,  une  pelure, 
etc.,  ont  été  filmées  à  nouveau  de  façon  à 
obtenir  la  meilleure  image  possible. 


D 


Additional  commenta:/ 
Commentaires  supplémentaires; 


This  item  is  filmed  at  the  réduction  ratio  checked  below/ 

Ce  document  est  filmé  au  taux  de  réduction  indiqué  ci-dessous. 


10X 

14X 

18X 

22X 

26X 

30î: 

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19Y 

1fiX 

20X 

24X 

28X 

32X 

Th«  copy  filmad  hera  hat  b««n  raproducad  thanka 
to  tha  ganaroaity  of  : 

Législature  du  Québec 
Québec 

Tha  imagaa  appaaring  hara  ara  tha  baat  quaiity 
poaaibla  conaidaring  tha  condition  and  lagibility 
of  tha  original  copy  and  in  Icaaping  with  tha 
fllming  contract  spacificationa. 


L'axamplaira  filmé  fut  raprodult  grftca  à  la 
généroaité  da: 

Législature  du  Québec 
Québec 

Laa  imagaa  auivantaa  ont  été  raproduitaa  avac  la 
plua  grnnd  aoin,  compta  tanu  da  la  condition  at 
da  la  nattaté  da  l'axamplaira  filmé,  at  an 
conformité  avac  laa  conditiona  du  contrat  da 
fllmaga. 


Original  copiaa  in  printad  papar  covara  ara  filmad 
baginning  with  tha  front  covar  and  anding  on 
tha  laat  paga  with  u  printad  or  iiluatratad  impraa- 
sion,  or  tha  back  covar  whan  appropriata.  Ail 
othar  original  copiaa  ara  filmad  baginning  on  tha 
first  paga  with  a  printad  or  iiluatratad  impraa- 
sion,  and  anding  on  tha  laat  paga  with  a  printad 
or  iiluatratad  impraaaion. 


Tha  laat  racordad  framj  on  aach  microficha 
shall  contain  tha  symboi  — ♦•(maaning  "CON- 
TINUED").  or  tha  svmbol  V  (maaning  "END"), 
whichavar  appliaa. 

Mapa,  plataa,  charta,  atc,  may  ba  filmad  at 
diffarant  raduction  ratioa.  Thoaa  too  larga  to  ba 
antiraly  includad  in  ona  axpoaura  ara  filmad 
baginning  in  tha  uppar  laft  hand  cornar,  left  to 
right  and  top  to  bottom,  aa  many  framaa  aa 
raquirad.  Tha  following  diagrama  iiluatrata  tha 
mathod: 


Laa  axamplairaa  originaux  dont  la  couvartura  an 
papiar  aat  impriméa  sont  Utmés  an  commançant 
par  îa  pramiar  plat  at  an  tarminant  soit  par  la 
darniéra  paga  qui  comporta  una  smprainta 
d'impraasion  ou  d'illuatration,  soit  par  la  sacond 
plat,  salon  la  caa.  Toua  laa  autraa  axamplairaa 
originaux  sont  filmés  an  commançant  par  la 
pramiéra  paga  qui  comporta  una  amprainta 
d'impraaaion  ou  d'illuatration  at  an  tarminant  par 
la  derni«ra  paga  qui  comporta  una  taila 
amprainta. 

Un  daa  aymbolaa  uuivanta  apparaîtra  sur  la 
darniéra  image  da  chaque  microficha,  salon  la 
cas:  la  symbola  —»- signifia  "A  SUIVRE",  la 
symbola  V  signifia  "FIN". 

Laa  cartaa,  planchaa,  tablaaux.  atc,  pauvant  étra 
filméa  à  daa  taux  da  réduction  différants. 
Loraqua  la  document  aat  trop  grand  pour  étra 
reproduit  an  un  seul  cliché,  il  eat  filmé  à  partir 
da  l'angle  supérieur  gauche,  de  gauche  à  droite, 
et  de  haut  an  ba**,  an  prenant  le  nombre 
d'imagea  néceasaira.  Las  diagrammea  suivants 
illustrant  la  méthode. 


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Kxrii.MT  nr  ijulletin  de  la  sociktk  dk  (jkogrmmiir 

(.Juin  187r>.) 


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L'ORIGINE   DU   NOM   r/AMÉRIQUE 

Par    JulcN    IHARCOII. 

Amérique,  Aincrriquc  ou  Amcric,  est  un  nom  de  lieu 
dans  le  Nicaraguii,  qui  désigne  les  hautes  lorrcs  ou  chaîne 
de  montagnes  entre  Juigalpaet  Liherlad,  province  de  Chon- 
lales;  et  qui  se  prolonge,  d'un  côté,  dans  le  pays  des  In- 
diens Carcas,  et  de  l'autre,  dans  celui  des  Indiens  Hamas. 
Les  rios  Mico,  Artigua,  Carca,  formant  le  rio  IJlewfields;  le 
rio  Grande  Matagalpa  et  les  rios  Itama  et  Indio,  qui  se  jet- 
tent directement  dans  l'Atlantique,  ainsi  que  les  rios  Co- 
inoapa,  Mayales,  Acoyapa,  Ajocuapa,  Oyale  et  Tcrpenagua- 
lapa,  qui  su  jettent  dans  le  lac  de  Nicaragua,  prennent  tous 
leurs  sources  dans  les  montagnes  d'Amérique  (1). 

La  terminaison  en  ique  ou  k  se  trouve  souvent  dans  les 
noms  de  lieux  des  langues  iniliennes  de  l'Amérique  oen- 
Irale.  Klle  paraît  vouloir  dire  grande,  élevée,  proémineute,  et 
elle  s'applique  toujours  h  des  lignes  de  faîtes  ou  à  des  pays 
montagneux,  élevés,  mais  sans  volcans.  Ainsi  :  ^iqtie  et 
Aglasint(/(tt',  dans  le  Daricn(Colomhie);  Tncavùjue  et  Amér- 
ique,  dans  le  Nicaragua;  AmixUque,  ManahàyMf,  Chappar- 
rislfVjfitc,  Lepater/c/HC,  L\o[iq(ie  et  A'inlevique  dans  l'Honduras  ; 
AtenqujVyftc  au  Mexique;  Tact/c  et  Poloch/c  dans  le  Guate- 
mala; Tepi'c,  AcateV  et  MesquitiC  dans  le  Jalisco.  On  pour- 
rait facilement  donner  une  plus  longue  liste  de  noms  de 
lieux  ou  autres  indiens,  qui  se  terminent  en  ique  ou  te, 
comme  cacique  ou  grand  chef. 

Maintenant  l'on  sait  par  les  nomhreuses  études  d'érudi- 
tion exécutées  pendant  ces  dernières  vingt-cinq  années  sur 
l'origine  des  noms  de  lieux,  qu'il  n'y  a  rien  de  plus  solide- 
ment établi  que  les  dénominations  locales.  Môme  les  con- 

(1)  Voir  ;  divers  documents  nfficinls  du  pouvorncment  de  Nicar,if;u;<  ot 
TliC  naturalist  in  Nicaraniia.  \>y  Thomas  Holt,  H  vol    I.ondon,  lfi73. 


2  sin  i.tiiur.iNn  nu  nom  iiAMi;ui<jrc. 

quOlcs  les  plus  absolues,  si  l'on  no  parvient  pas  h  exterminer 
enlièrcmcnl  la  race  aboiigcnc  qui  hahilail  le  pays,  ne  peu- 


il  eflV 


ili 


3ment  les  noms  de  loealilés,  ou  lieux  d  il  s, 
suivant  l'expression  française.  Ces  noms  peuvent  Ctre  léfrè- 
rcment  modifiés,  en  les  épelant  avec  des  variations,  mais  le 
son  primitif  reste.  D'ailleurs,  1;\  même  où  la  race  aborip;ène 
disparaît  totalement,  on  conserve  souvent  les  noms  de 
lieux,  au  moins  comme  synonymes;  ainsi  qu'on  en  a  de 
nombreux  exemples  au  Canada,  dans  la  Nouvclle-Angle- 
tnrrc  et  dans  l'Ktat  de  New-York. 

La  question  est  de  savoir  si  ce  mot  Amérique  ou  Amcric, 
qui  d6si{jfne  une  partie  du  pays  de  terre  ferme,  découverte 
])ar  Cristoforo  Colombo,  pendant  son  quatrième  et  dernier 
voyage  de  découvertes  dans  le  Nouveau,  Monde,  a  été 
connu  du  grand  navigateur;  et  par  suite  a  pu  ôtre  répété 
par  lui  ou  par  ses  compagnons  de  voyage.  De  certitude,  il 
n'y  en  a  pas,  du  moment  que  le  mot  ne  se  trouve  pas  dan> 
le  récit  fort  écourlé  d'ailleurs  qu'il  nous  en  a  laissé.  Mais 
«■omme  l'ajjparition  du  mot  Amérique  est  restée  une  énigme, 
malgré  les  interprétations  et  versions  qu'on  en  a  données;  cl 
comme  pour  une  solution,  on  en  est  réduit  ;\  reconnaître 
que  Vespuchy  n'est  pour  rien  dans  cette  dénomination, 
inconnue  de  lui;  (d  qu'un  libraire  d'une  petite  ville  perdu.' 
dans  les  Vosges  est  le  créateur  du  nom  Ameiici,  qui  n'était 
mdiement  le  véritable  prénom  de  Vespucci  ou  Yespucby; 
il  n'est  peut-être  pas  bors  de  propos  de  passer  en  revue  les 
faits,  et  de  montrer  de  quel  côté  sont  les  plus  grandes  pro 
babilités,  pour  arriver  i\  connaître  d'où  nous  vient  ce  grand 
nom  d'Amérique,  qui  remplit  i\  lui  seul  tout  un  hémi- 
sphère. 

Cristoforo  Colombo,  dans  sa  leltera  rarissiina  où  il  décrit 
en  abrégé  son  quatrième  voyage,  li")02  à  1503,  dit  qu'après 
avoir  i)assé  le  cap  Gracias  a  Bios  sur  la  côte  des  INIosquitos, 
il  arriva  h  la  rivière  du  Désasire,  qui  est  le  rio  Grande  Ma- 
lagalpa;  puis,  quelques  jours  après,  il  s'arrêta  à  un  villago 


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srii  I.  oiuuLMi  lu:  m».m  h'Ajii.uigut:.  '.\ 

tiii  leri'13  nommé  Ciiriaï,  ou  (laiiny,  où  il  resta  (|iiel(iuo 
U'inps  pour  réparci'  ses  vaisseaux  et  faire  reposer  ses  gens. 
Là,  lt:s  hahilanls  lui  parlèrent  beaucoup  de  mines  d'or,  ce 
(pii était  l'objet  principal  de  ses  recherches;  on  le  conduisit 
à  un  autre  village  nommé  Garambaru,  où  les  indigènes  por- 
taient à  leur  cou  d3s  miroirs  d'or.  Ces  Indiens  lui  nommè- 
rent plusieurs  lieux  où  se  trouvaient  beaucoup  do  mines 
d'or,  l'endroit  le  dernier  nommé  était  Veragua,  à  vingt-cincj 
lii'ues  plus  loin  sur  l:i  côte.  Les  habitants  de  Cariai  ont  frappé 
Colombo  et  les  hommes  de  ses  équipages,  comme  ayant 
parmi  eux  beaucoup  de  sorciers;  et  les  matelots  croyaient 
ensuite  avoir  été  ensorcelés  par  eux,  pendant  les  nom- 
breuses tempêtes  et  contrariétés  de  toutes  sortes  qu'ils  ont 
eu  à  supporter  pendant  le  reste  du  voyage.  Où  étaient  Ca- 
riai? Carambaru?  et  Veragua?  Ce  dernier  point  est  bien 
lixé;  c'est  dans  la  grande  baie  de  Chiiiqui  sur  la  côte  do 
Cosla-Ilica;  pays  où  l'on  a  trouvé  dans  ces  dernières  aimées 
dos  tombeaux  d'aborigènes  contenant  de  l'or  comme  l'indi- 
ipie  Colombo  dans  son  récit  :  «  Les  grands  du  teri'itoire  de 
Veragua  ont  pour  coutume  de  se  faire  enterrer  avec  tout 
l'or  qu'ils  possèdent.»  Carambaru  était  à  une  dislam  ■  d'au 
moins  vingt-cinq  lieues  de  Veragua,  c'est-;Vdire  Chiriqui, 
ce  qui  nous  ramène  un  peu  au  nord  du  rio  San  Juan  et  de 
Greylown.  Cariai  devait  être  un  peu  plus  loin  vers  le  nord, 
c'est-à-dire  dans  le  voisinage  de  l'embouchure  du  rio  Ulev.- 
IleUls,  où  se  trouvent  plusieurs  petites  lies,  ce  qui  correspond 
au  récit  de  Colundjo.  IMainlenani  ce  pays  est  habité  par  les 
Indiens  Carcas,  et  l'une  des  branches  du  rio  Blewlields  se 
nomme  rio  Carca.  Ces  Indiens  Carcas  travaillent  encore  au- 
jourd'hui aux  mines  il'or  de  Santo-Domingo  et  de  Liberlad 
sur  le  rio  Mico,  uu  autre  aliluent  du  niewtields.  Carambaru 
devait  être  près  du  rio  Hania,  et  dans  le  pays  dos  ludions 
Hamas,  Or  ces  Indiens  Hamas  et  Carcas  ont  toujours  résiste 
à  toute  espèce  de  civilisaliou;  la  plupart,  surtout  les 
l'aiiKis,  S"ul  tout  à   fait  «auva;-;e-.  ot   ui>   lai -ïonl  perujuue 


I 


'-\m>}).^M^J^,l■^mJ'UtSl)'»lr<f^'9f''9^ 


4  SlJll   l'origine   du    nom    II  AMKIUQL'E. 

pénétrer  dans  leur  pays;  ils  en  sont  restés  absolument  nu 
mOmc  point  que  lorsque  Colombo  les  visita  en  1502.  On 
sait  avec  quelle  ténacité,  les  Indiens  se  rattachent  h  toutco 
qui  les  environne.  Eh  bien,  c'est  parmi  ces  Indiens  Carcas 
et  Ramas  que  se  trouve  lo  lieu-dit  Amihic  ou  Amérique, 
formant  une  chaîne  de  montagnes,  la  plus  élevée  (prés  de 
3000  pieds)  du  pays,  qiii  sert  de  ligne  de  séparation  entre 
les  eaux  qui  s'écoulent  directement  dans  l'Atlantifiue,  et 
celles  qui  vont  dans  le  lac  de  Nicaragua.  D'après  ceux  qui 
l'ont  visitée  en  certains  endroits,  des  environs  de  Libertad, 
Juigalpa  et  Acoyapo,  cette  chaîne  do  montagnes  est  des 
plus  proéminentes;  elle  s'aperçoit  d*^  loin,  montrant  des 
pics  nus  et  rugueux,  isolés,  avec  d'énormes  abruptes  ou  fa* 
laises  porpondiculaircs  de  couleur  blanche;  do  plus  son 
élévation  mûme  divise  le  pays  en  deux  parties  tout  ?i  fait 
distinctes  et  totalement  différentes  par  leurs  climats;  à  l'est 
sont  des  forêts  impénétrables,  fi  cause  dos  pluies  presque 
continuelles;  tandis  qu'i\  l'ouest  de  cette  ligne  de  faîte,  on  a 
un  pays  aride  et  sec  par  suite  de  manipiode  pluie,  les  mon- 
tagnes d'Amérique  arrêtant  totalement  les  vapeurs  du  côté 
do  l'Atlanticiue.  Elles  courent  du  nord-nord-ouest  au  sud- 
sud-est;  et  viennent  aboutir  ;\  la  côte  Atlantique  un  peu  au 
nord  de  Greytown;  les  dernières  raniiiications  étant  entiè- 
rement dans  le  pays  de  ces  Indiens  sauvages  et  inaborda- 
bles, les  Hamas.  On  sait  que  partout  rien    .e  change  moins 
que  les  noms  de  montagnes,  de  vallées,  de  lacs,  de  rivières, 
en  un  mot  que  les  Ucux-dils;  les  peuples  disparaissent,  et 
ces  noms  restent.  11  est  de  la  plus  grande  évidence  que  cette 
dénomination  de  la  chaîne  et  des  rochers  d'Amérique  ou 
Americ  est  un  nom  indigène,  dont  la  terminaison  en  ique 
ou  ic,  est  commune  dans  les  noms  do  lieux  de  la  langue  des 
Indiens  Lenca  ou  Chontales  de  l'Amérique  centrale  et  il'une 
partie  du  Mcxicpu^;  ce  nom  s'est  perpétué  depuis  la  décou- 
verte du  Nouveau  Monde,  intact  et  sans  altération,  par  suite 
de  l'étal  de  complet  isolement  dans  lequel  ont  vécu  les  In- 


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mmmmmmm 


Sun  l'oiuginf.  du  nom  d'améiuquiï.  5 

tlii'iis  lie  celle  parlie  du  oonliiienl,  qui  aujourd'hui  comme 
on  1502,  lorsque  Colombo  les  visita,  nomment  encore  leurs 
nionlagncs  Amérique  ou  Amcric.  Or  ces  montagnes  sont 
aiirirères;  c'est  ;\  k'ur  i)iod  que  sont  les  mines  d'or  do  Li- 
Iteriad  et  de  Sanlo-Domingo,  cl  de  plus,  l'or  d'alluvions  ou 
des  placers  y  est  tout  à  fait  épuisé,  ce  qui  ne  s'expliquo  que 
par  une  exj)loitalion  antérieure  à  celle  des  Indiens  eux- 
môiiics;  on  ne  trouve  de  l'or  que  dans  les  veines  de  quarlz 
mêmes.  Colombo  dit  que  les  Indiens  lui  ont  cité  plusieurs 
noms  do  localités  riches  en  or,  noms  qu'il  ne  donne  pas 
dans  son  récit  Iris-abrégé,  se  contentant  de  citer  le  nom 
(le  la  province  de  Ciamba;  mais  il  est  des  plus  probables 
que  ce  nom  d'Améritiue  ou  Americ  a  été  prononcé  souvent 
par  les  Indiens,  répondant  aux  demandes  pressantes  des 
européens.  L'avidité  pour  se  procurer  de  l'or  était  telle, 
chez  ces   premiers  navigateurs,  que  c'était  partout    leur 
principale  préoccupation,  et  il   est  presque   certain  qu'à 
leurs  demandes  continuelles  aux  Indiens  Cariai  ou  Carcaï 
(car  ce  mot  a  pu  ûlre  mal  lu  dans  le  manuscrit  de  Colombo, 
où  l'on  aurait  pris  un  c  pOur  un  t)  et  Carambaru,  d'où  pro- 
venait l'or  qu'ils  portaient  comme  ornements,  —  ces  der- 
niers auront  répondu  «  de  l'Americ  »,  ce  mot  signifiant  la 
parlie  la  plus  élevée  et  la  plus  proéminente  de  l'intérieur 
des  terres,  le  haut  pays,  le  Landmark  de  la  province  de 
(jiamba.   Le    nom    Americ   ou  Amerrique  était  employé 
comme  les  Alleghanys,  les  Ozarks,  les  Vosges,  le  Jura,  les 
Alpes. 

De  ce  que  le  nom  Amérique  ne  se  trouve  pas  dans  la  let- 
iera  rarissima  ou  récit  de  Cristoforo  Colombo  à  Sa  Majesté 
catholique  le  puissant  roi  d'Espagne,  il  ne  s'en  suit  pas  que 
Colombo  ne  l'a  pas  connu.  Son  indication  môme  de  l'exis- 
tence de  plusieurs  noms  de  lieux  non  cités  que  lui  ont  dit 
les  Indiens,  où  l'or  se  trouvait,  montre  assez  qu'il  n'a  pas 
dit  tout  ce  qu'il  connaissail.  D'ailleurs  il  ne  faut  pas  perdra 
de  vue  dans  quelle  circonstance  pénible  et  fâcheuse  il  n 


fl  Sun   l/ORIGlNE   DU   NOM   D'AMÉRIQUE. 

rédigé  cl  écrit  sa  lettcra  rarissima,  étant  prisonnier,  chargé 
de  fers  par  ordre  du  gouverneur  Ovando,  dans  l'île  do  la 
Jamaïque  (encore  un  nom  do  lieu  en  ique);  vieux,  infirme, 
dégoûté  par  toutes  sortes  de  souffrances  et  d'injustices,  Co- 
lombo n'était  pas  dans  une  position  à  faire  un  rapport  bien 
complet.  Aussi,  de  tous  ses  écrits,  ce  récit  du  quatrième 
voyage  est-il  le  moins  clair,  le  moins  précis.  Le  style  en  est 
mélancolique,  chagrin  et  assez  confus.  Il  y  a  les  plus  grandes 
probabilités  pour  que  ce  nom  d'Amérique  ou  Améric  ait 
été  souvent  prononcé  par  les  Indiens  devant  Colombo  et 
ses  compagnons  de  voyage;  et  ce  nom  sera  resté  parmi 
eux  comme  celui  d'un  El  Dorado,  non  exploré,  pas  môme 
entrevu,  mais  qui  occupait  l'intérieur  des  terres,  dont  ils 
avaient  reconnu  les  contours  des  côtes  dans  la  province  do 
Giamba. 

De  retour  en  Europe,  Colombo,  etsurtout  les  hommes  de 
ses  équipages,  en  racontant  leur  voj'age,  se  seront  vantés 
de  la  découverte  de  mines  d'or,  très-riches,  dont  leur  avaient 
parlé  les  Indiens  de  la  côte  du  Nicaragua,  en  disant  qu'elles 
étaient  du  côté  do  l'Amérique.  De  là  une  sorte  de  popularité 
donné  au  mot  Amérique,  comme  nom  vulgaire  de  la  partie 
des  Indes  découverte  par  Cristoforo  Colombo,  dans  son 
dernier  voyage,  où  devaient  exister  les  plus  riches  mines 
d'or  du  nouveau  monde.  Car  il  ne  faut  pas  perdre  do  vue 
que  toutes  les  expéditions  de  Colombo  et  des  autres  navi- 
gateurs de  cette  époque  avaient  surtout  pour  but  principal 
et  matériel  l'acquisition  de  grandes  richesses  et  la  décou- 
verte de  mines  d'or.  Ce  nom  d'Amérique,  synonyme  du 
pays  de  l'or  par  excellence,  se  sera  répandu  dans  les  ports 
de  mer  des  Indes  occidentales,  puis  de  l'Europe;  et  petit  à 
petit  il  aura  pénétré  dans  l'intérieur  du  continent  européen, 
et  c'est  ainsi  que  le  professeur-libraire  de  Saint-Dié,  au 
pied  des  Vosges,  aura  entendu  ce  nom  d'Amérique,  sans  en 
connaître  la  valeur,  excepté  comme  désignant  un  pays  des 
nouvelles  Indes  très-riche  en  or.  Comme  ces  découvertes 


SUR  l'originiî  nu  nom  d'améiuqiiiî  1 

faisaient  alors  l'objet  des  conversalions  de  tout  le  monde; 
llylaccrnylus  de  Saiul-Dit'*,  no  connaissanlaiicunc^  relations 
inii>i'i'"*^cs  aiitresqiu;  celles  (VAlbcrirm  Vespiiciiis,  publiées 
(Ml  lalin  en  iWô  et  en  iilleniand  en  1501),  crut  voir  dans  co 
prt^nom  d'Albericm  l'origino  du  nom  pour  lui  corrompu  et 
.illéré  iV Amérique  ou  Améric;  renouvelant  la  fable  du  dau- 
phin, il  prit  le  FMrée  pour  un  homme  et  dénomma  celto 
terre  d'après  le   seul  nom  des  navigateurs  qui  fut  venu 
jusqu'à  lui,  et  qui  présentât  quelque  analogie  avec  le  mot 
Amérique  ou  Améric.  Pour  cela  il  lui  fallut  modifier  et 
lorturer  le  prénom  de  Vespucius  :  d'Albcricun,  Alberico, 
Anierigo  et  Murigo,  qui  sont  les  diverses  manières  d'épcler 
le  prénom  de  Vespuzioou  Vcspuchy,  il  fit  Amcricus!  Ainsi, 
d'après  ma  manière  de  voir,  ce  serait  par  suite  d'une  erreur 
d'Ilylacomylus  que  le  nom  aborigène  du  nouveau  monde 
Amérique,  Amerriquc  ou  Améric  a  été  européanisé,  lati- 
nisé et  rapporté  au  fils  d'Anastasio  Vespucci.  Si  cette  erreur 
avait  été  commise  en  Espagne,  en  Portugal  ou  aux  Indes, 
elle  aurait  été  évidemment  relevée,  car  alors  vivaient  encore 
Vespucci   et  beaucoup  des   compagnons  de   voyage   do 
Colombo.  Mais  à  Saint-Dié,  petite  ville  inconnue,  et  dont 
le  nom  n'est  môme  probablement  arrivé  à  la  connaissance 
ni  de  Crislcforo  Colombo  ni  d'Alberico  Vcspuzio,  éloignée 
de  tous  les  ports  ue  mer,  cet  opuscule  du  libraire  llyla- 
cumylus  est  nécessairement  resté  limité  h  un  petit  cercle  ; 
c'est  effectivement  autour  de  ce  petit  cercle  que  l'erreur  s'est 
prolongée  et  propagée  par  les  publications,  à  Strasbourg 
ei.  1509,  d'une  nouvelle  édition  du  livre  d'Ilylacomylus,  et 
à  Baie  en  1522,  de  la  première  carte  sur  laquelle  on  lit  : 
America  provincia. 

Lorsque  cette  carte  avec  le  nom  America  parut  et  parvint 
en  Espagne,  Cristoforo  Colombo  était  mort  depuis  long- 
temps (1506);  ses  compagnons  de  voyage,  presque  tous 
illettrés,  étaient  aussi  ou  morts,  ou  retournés  dans  les 
Indes,  et  personne  n'était  plus  là  pour  corriger  l'erreur 


I 


8  ?i;U   I.'oilIlilM'   l»l     NOM  U  AMLiUgri;. 

d'II>laci)myliis,  ci.  sMppusaiit  ([iif  cetUuarlet'ii  lit  inciilion. 
(M»  avait  onlciulij  le  nom  (l'Aii)(f'ii(iue,  non  connnc  lo  nom 
(riiii  liuniiuc,  mais  bien  comme  celui  d'un  pays,  d'imo 
partie  inilclcrmini^c  du  nouveau  monde;  on  l'accepta  sans 
dinicullé  et  sans  faire  attention  à  rcnenr  du  libraire  do 
Saint-D'é,  dont  on  no  connaifisait  piohahlement  pasl'upus- 
cuio.  Il  n'est  gnèro  douteux,  en  cllet,  que  si  le  nom  d'Anic!- 
ri(iiie  n'eût  élc'  déjà  un  nom  connu  et  i.iùme  jus(iu'à  un  cor- 
tain  point  assez  populaire  dans  les  poris  do  mer  de  î'Kspa- 
gne,  du  l'ortuf^al  et  des  Indes,  on  ne  l'aurait  pas  acccnià 
ainsi  d'emblée  et  du  premier  coup  sans  discussions.  El  cola 
d'autant  plus  qu'Hylacomylns,  on  outre  de  la  modillcation 
et  de  l'altération  profondes  qu'il  faisait  subir  au  prénom 
Alb-rico,  s'éloignait  des  règles  gé.  éralemcnt  suivies  dans  les 
dénominations  de  pa.v^,  en  donnant  le  prénom  au  lieu  da 
nom  propre  de  son  béros  ;  il  aurai»,  dû  appeler  l'Amérique 
Vespucciii  ou  Vi'Sjmhia.  Les  têtes  couronnées,  rois,  cnq)e- 
reurs,  reines  ou  princes,  ont  seuls  le  privilège  que  l'on  so 
serve  de  leurs  prénoms  pour  désigner  do  nouveaux  pays. 
Ainsi  on  dit  :  Détroit  do  Magellan,  île  de  Vaneouver, 
Tasmanic,  île  van  Diemen,  etc.,  et  tandis  que  l'on  dit 
Louisiane,  Caroline,  Géorgie,  Maryland,  Pbilippines,  Vic- 
toria, etc.,  etc.  Cette  babilude  do  donner  à  de  nouveaux 
pays  les  prénoms  dos  découvreurs  s'est  d'ailleurs  main- 
tenue sans  une  seule  exception  mémo  au  sujet  de  Cris- 
loforo  Colombo;  car  personne  n'a  eu  l'idée  de  donner  lo 
nom  de  Crisluforia  ou  Cbrislopbic  à  un  pays,  et  celui  do 
Cristolbro  ou  de  Cbrislopbe  à  une  ville;  tandis  qu'on  a 
créé,  à  diverses  époques,  plusieurs  Colombia,  Colombie, 
Columbh,  Culumbus  et  Colon.  Mais  il  y  a  plus  :  Hylacomylu.., 
en  rapportant  à  Vespucby  l'bonneur  de  nommer  le  nouveau 
continent,  et  se  servant  contre  tous  les  précédents  do  son 
prénom  plutôt  que  do  son  nom,  aurait  dû  le  nommer: 
Albericia  ou  Amerigia,  ou  Amerigonia,  ou  Aforigia  et  non 
pas  America.  Et   ce  nom  for-é   péniblement  ne  devient 


B 


sru  i-'oniciNK  ut  nom  i.  AMi;niQrE.  tt 

l'xpliral.o  qu'on  ndnielliinl  qu'llyi;  . ''vlus  avait  cnlcnilu 
aiiparavanl  prononcer  lo  nom  Ai  ^riquc  ou  Amcrir. 

AnuTipo  Vcspnchy,  'oinnit  l'orlhofin  phio  Ciislororo  Co- 
Irinilto  ilans  sa  leltre  dal^'e  doSc^'villo  le  5  février  IfiOf),  élait 
mort  en  1512,  e'csl-î\-diro  longlcnips  avant  la  piiblication 
«le  la  (atle  de  ll.'.le,  «lans  Mda  cutn  comnH'uUtrii)  Vadu  i; 
sans  rien  connaître  de  «  la  daiif^erensc  ,  :)iic  (pi'on  loi  pré- 
parait à  Saini-Uié  »,  suivant  l'expressiun  de  llinnhuldt,  il 
crut  juscpi'A  son  dernier  jour  que  les  côtes  do  l'Asie  étaient 
le  nouveau  monde,  et  il  mourut  comme  il  avait  vécu,  pilolo 
mayor  de  Indias. 

Cette  croyance  aux  Indes,  à  l'arrivée  prochaine  aux  em- 
hnuchures  du  Gange,  a  été  la  cause  principale  qui  aempC'clié 
Cdiond),  SCS  contemporains  et  ses  successeurs  de  donner 
un  nom  colleclif  aur;  terres  décoiiverles.  Cette  idée  ne  pou- 
vait venir  qu'à  des  j-cns  de  l'intérieur  des  terres,  ne  con- 
naissant pas  pratiquement  la  navigation  do  ces  tenips  fié- 
vreux d'enthousiasme  de  voyages;  et  qui,  répétant  les 
on-dit  des  marins,  appliquèrent,  sans  trop  savoir  ce  qu'ils 
(aisaient,  un  nom  déjà  connu  de  ceux  qui  revenaient  des 
Indes,  mais  sans  position  géographique  précise,  à  tout  un 
gioupc  de  terres  nouvelles  alors  à  peine  reconnues  en  bloc. 
Celle  erreur  des  géographes  théoriciens  et  de  cabinet  de 
Sai!it-l)ié,  de  Sirasbourg  et  de  I5i\le,  ne  pouvait  Être  guère 
corrigée  (pie  par  Colomb,  qui  n'était  plus  do  co  monde. 
Puis  les  découvertes  doCortcz,  delMzarre  et  autres  vinrent 
changer  la  direction  des  idées  sur  les  pays  i'abuleusement 
riches  en  or. 

Le  Nicaragua,  quoique  conquis  en  102-2  par  Cil  Gon/.ales 
d'AviUa,  resta  en  partie  inconnu,  surtout  la  région  qui  s'é- 
lend  entre  l'Atlanlirue  et  le  lac  Nu\iragua,  où  so  trouvent 
les  montagnes  d'Amérique,  Celle  ignorance  a  été  poussée 
si  loin,  que  mémo  l'émigration  californienne  îi  travers 
rislhme  do  Nicaragua  passa  à  côté  de  celle  partie  de  l'Amé- 
rique sans  la  connaître  et  la  loucher  en  rien.  On  peut  dire 


I 


10 


siin  i/oiulinl;  nu  m>\  it'AMLUnjut:. 


(Iiu;  1,1  n'i^iim  do  lerro  leriun  onlro  la  mer  des  Caraibes  et 
la  liyiic  du  faîlo  dos  eaux  qui  s'écoulcut  dans  le  lac  du  Ni- 
cara^'ua  est  encore  ù  l'iicuro  qu'il  est  tout  fi  fait  inconnuo; 
!(s  Indiens  Carcas  cl  IJanias,  surlout  les  derniers, ne  laissant 
personne  aborder  et  explorer  leur  pays;  ils  repoussent 
même  les  Indiens  chercheurs  du  caoutchouc,  qui  depuis 
dix  années  vont  intrépidement  poursuivre  le.irs  recherches 
dan.-;  des  parties  du  pays  tout  i\  l'ait  hirmccs  jusqu'ici. 

La  version  que  je  viens  de  présenter  a  de  grands  avantaf;es. 
D'abord  elle  n'enlève  rien  à  la  gloire  de  (iristol'oro  Coloudjo  : 
le  nom  du  continent  découvert  par  lui  était  un  nom  indi- 
gène, qui  d'une  petite  localité  limitée  s'est  étendu  à  tout 
le  nouveau  monde,  grAcc  à  une  erreur  d'un  libraire-éditeur 
d'une  petite  ville  perdue  dans  les  Vosges.  Les  accusations 
de  plagiat,  lancées  contre  Alberico  Ves[)uzio,  tombent  et  il 
n'y  a  plus  de  raisons  pour  lui  reprocher  d'avoir  imposé  son 
prénom,  ou  tout  au  nu)ins  d'avoir  laissé  imposer  son  pré- 
nom ;\  tout  un  continent;  d'autant  plus  que  son  prénom  n'a 
jamais  été  Améric,  mais  bien  Alberico  ou  Amerigo.  Le  nom 
Amérique,  tout  en  étant  aborigène,  ne  crée  p-is  de  confusion 
entre  la  partie  et  le  tout;  parce  que  la  localité  où  il  exisie 
comme  lieu-dit  est  trop  petite,  trop  insigniliante  et  trop 
cachée  pour  donner  lieu  fi  des  interprétations  fausses  ou 
doubles.  Enlih,  ce  nom  paraît  admirablement  choisi,  p;urc 
qu'il  s'étend  du  centre  même  aux  extrémités  du  conlinenf, 
rayonnant,  donnan!  la  main  au  nord  et  au  sud,  regardant 
les  Antilles  et  le  Paciliiiue,  et  étant  au  milieu  même  de 
cette  arôte  do  montagnes  immenses,  la  plus  longue  qu'il  y 
ait  sur  notre  globe,  et  qui  s'étend  de  la  Terre  de  l'eu  aux 
bords  de  la  rivière  INIakenzie,  fnrmant  l'épincî  dorsale  de 
l'hémisphère  occidental.  11  est  bien  choisi  aussi,  parce  (pi'il 
est  fort  probable  qu'il  a  frappé  les  oreilles  du  grand  amiral 
C-olond)  pendant  son  quatrième  voyage,  et  que  l'illustre  dé- 
couvreiu-  du  nouveau  monde  a  été  le  [iromier  ICuropéen 
«iui  ail  enl''ndu  cl  proii^icé  le  ui-iii  Auiériiiuc  ou  .\méric, 


srn  i.'dniGiNr:  or  nom  d'ami't.ioit. 


Il 


(liioiqiic  lu.us  iiVn  possédions  pns  la  ccrliliKlc  et  la  jircuw 
iiiaK'Tiello.  Si  ro  nom  avait  apparlcmi  j\  quelques  paiiios 
dos  oxlirmilcs  du  nord  ou  du  sud  du  conliuenl,  il  est  pou 
probable  qu'on  Tofit  aooopLé  aussi  faoilomenl;  mais  il  pro. 
nail,  le  nouveau  monde  poui-  ainsi  dire  par  le  milieu  du 
rorps,  vaguement,  sans  si-nilioalion  autre  que  celle  do 
n'-Kiou  Iros-richc  on  mines  d'or;  et  on  l'employa  et  l'ac 
copia  sans  penser  en  rien  au  pilote  Alborico  Vesi)uzio;  co 
n'est  que  longtemps  o'-  '-s  qucles  discussions  entre  savants 
géographes  s'élevèrem,  et  que  la  ,  osse  erreur  d'Hyla 
comylus  s'itnposa  comme  une  véiitô.  En  un  mol,  le  nom 
■\iii('ri(pio  est  américain. 

C.,im!ii'iil;4v,  .MissiK'lmsclt.-,  le  8  (|,'cenilnv  187* 


PAfiis.  _.  ijirniHnmB  ob  b.  MAniiNEi,  nuu  mig:.jn,  J